Entrer dans l'éco-conception aujourd'hui

  • 2023-01-31
  • featuring
  • Pierre Ragois
  • EN / FR

Ces derniers mois, j'ai été absent du peu de réseaux sociaux / plateformes numériques que je fréquente encore. Mais aujourd'hui, je suis allé visiter Linkedin pour voir sur quoi travaillent certains des chercheurs que je suis.
Généralement, accéder à ces contenus se fait au prix de nombreux messages lacrymaux pour lesquels nous avons tous tendance à grincer des dents. Pourtant, ce qui m'a surpris plus que lors de mes dernières visites, c'est le nombre élevé de posts de personnes quittant leur emploi pour se lancer dans l'éco-conception. Je ne sais toujours pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose, gardant en tête ce que Gauthier Roussilhe appelait « éco-conception : le brouillard à venir » dans son excellent article de 2021 (1).
Cela a tout de même résonné avec une conversation que j'avais eue quelques jours auparavant et m'a conduit à une série de réflexions sur les sept dernières années. Sept années à travailler dans l'éco-conception et sur les enjeux environnementaux / sociaux / politiques autour du numérique. Les conclusions que j'en retire dans la relation avec mes clients ainsi que la longévité de leurs projets, entre autre.
Voici donc quelques retours en trois points clés sur pas mal d'années de travail dans l'éco-conception.

L'activité est importante #

Si une entreprise n'est pas en train de faire évoluer son activité pour la rendre écologiquement viable, alors éco-concevoir ses services/dispositifs numériques est sûrement synonyme de croissance/bonne conscience dans l'esprit de ses salariés-patrons.

Le contexte d'Internet est important #

Il est essentiel de comprendre qu'Internet fonctionne à l'échelle mondiale avec des stratégies écocidaires. Eco-concevoir revient à tirer une balle dans le pied de toute entreprise qui rentre dans le constat de notre premier point, car on va chercher à s'éloigner de ces stratégies et donc "ça marchera moins bien", comme dirait notre célèbre Bourvil.

Effet rebond #

Si les gens qui composent l'entreprise ne sont pas politiquement convaincus que l'éco-conception est la bonne chose à faire, après la douche froide de notre deuxième constat ils referont leur site/leur service dans les deux ans avec un effet rebond massif (budgets colossaux en communication, adwords, vidéos, etc).


Conclusion #

L'éco-conception, même si les pages web sont légères, n'est pas synonyme d'optimisation, bien au contraire. On nage en permanence à contre-courant de toutes les stratégies qui marchent en ce moment et à part des entreprises comme Total (où le numérique n'est qu'une vitrine publique qui sert un discours et non l'activité) c'est contre-productif d'éco-concevoir, faire moins quand tout indique qu'il faut faire "plus". Plus de contenu, plus de présence sur les réseaux sociaux, plus de vidéos, plus de publicités, plus de référencement, etc.

Pour que les efforts d'éco-conception tiennent dans le temps, ce qui compte de mon point de vue c'est avant tout le degré d'acceptation de ce principe simple : ce qui est "bien fait" ne se mesure pas à l'échelle d'aujourd'hui, mais à celle de demain.


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